"Venez, fidèles, prosternons-nous devant la Croix vivifiante", homélie pour le troisième dimanche du Carême



Mc 8, 34 – 9, 1: En ce temps-là, Jésus fit venir la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu'il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Evangile, la sauvera. Et quel avantage l'homme a-t-il à gagner le monde entier, s'il le paie de sa vie ? Que pourrait donner l'homme qui ait la valeur de sa vie ? Car si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » Et il leur disait : « En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont ici, certains ne mourront pas avant de voir le Règne de Dieu venu avec puissance. »

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« Venez, fidèles, prosternons-nous devant la Croix vivifiante, sur laquelle le Christ, Roi de gloire, a étendu librement ses bras pour nous élever de nouveau vers la béatitude originelle {…}. Venez, fidèles, prosternons-nous devant le Bois par lequel nous avons reçu la grâce de triompher des ennemis invisibles. Venez, toutes les nations de la terre, honorons la Croix du Seigneur en chantant : Réjouis-toi, Croix, délivrance de l’Adam déchu. {…} Nous, chrétiens, nous t’embrassons avec crainte et amour et nous glorifions le Dieu qui sur toi a été suspendu. »

Nous chantons ces paroles en vénérant l’image de la Croix du Christ en ce troisième dimanche du Carême qui ouvre une semaine entière dédiée à la contemplation et à l’adoration de ce qui est l’instrument de notre salut et la plus grande, la plus belle, la plus authentique preuve de l’amour de Dieu pour les hommes. En plein milieu du Carême, la vénération de la Croix qui a porté le Verbe divin devenu homme est une occasion particulière d’admirer l’infinie miséricorde de notre Créateur. « Nous adorons ta Croix, Maître, et nous glorifions ta sainte Résurrection ». La Croix n’est plus pour nous un instrument de la torture et de la mort. Depuis presque deux mille ans elle est le témoin des souffrances salvatrices de Dieu pour le salut du genre humain, elle est le signe de la victoire du Bien sur le mal. Enfin, la Croix est l’Arbre de vie qui nous conduit vers la résurrection et la vie éternelle. C’est le bois vivifiant du Paradis, dont nous avons été éloignés par la chute et auquel nous avons été ramenés par le Créateur lui-même, qui est venu parmi nous, qui nous a pris sur lui-même, qui a assumé notre nature avec ses doutes et ses souffrances. « Certains ne mourront pas avant de voir le Règne de Dieu venu avec puissance », disait-il à ses disciples. Et c’est dans sa Croix que nous avons vu l’avènement de la puissance du Règne de Dieu ; c’est la Croix qui a manifesté, avec le plus d’éclat, la force de Dieu.

Ce dimanche de la vénération de la Croix du Seigneur est l’occasion particulière de rendre grâce au Créateur de toute chose, au Père de la vie pour sa grande puissance qui s’est manifestée au moment de la création de l’univers, mais qui s’est révélée à nous avec une splendeur inégalable au moment où le Verbe divin, celui qui sort éternellement de la bouche du Père, est mort sur la Croix, dans l’humanité dont il s’était revêtu, pour montrer combien Dieu aime son œuvre, combien il lui est proche. Sur la Croix la grandeur infinie de Dieu a rejoint la misérable petitesse de l’homme au point que l’une et l’autre sont désormais réunies, pour l’éternité.

Et ce n’est pas la seule occasion de remercier Dieu en ce dimanche. Pour les chrétiens orthodoxes suivant le calendrier julien, c’est aujourd’hui le 25 mars, la solennité de l’Annonciation. Ainsi la fête de la Croix du Christ est associée à celle de la conception de Jésus par la Vierge sainte. La merveille de l’incarnation de Dieu dans le sein d’une femme est célébrée au même moment que le prodige de son sacrifice sur la Croix. Le début et la fin du dessein salutaire du Créateur sont glorifiés ensemble par ceux qui ont eu la chance inouïe d’apprendre la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu parmi les hommes, de voir le Règne des cieux venu avec puissance et de croire dans la folie du message d’amour que la Sagesse divine nous a révélé sur la Croix.
"Venez, fidèles, prosternons-nous devant la Croix vivifiante", homélie pour le troisième dimanche du Carême

Dimanche 7 Avril 2013
Alexandre Siniakov