La grâce de Dieu est plus universelle que le péché de l’homme. Homélie le dimanche 17 juin 2012



La grâce de Dieu est plus universelle que le péché de l’homme. Homélie le dimanche 17 juin 2012
« Quiconque aura péché sans la Loi, périra aussi sans la Loi ; et quiconque aura péché sous la Loi, par la Loi sera jugé » (Rm 2, 12). C’est ainsi que l’apôtre Paul montre que tous nous avons amassé contre nous-mêmes « un trésor de colère pour le jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu » (Rm 2, 5). Qu’il s’agisse des Juifs – héritiers et tenants de la Loi – ou bien des Grecs païens, tous ont des raisons de redouter la colère du Créateur.

La Loi ne met pas à l’abri du péché, de même que l’absence de la Loi ne signifie pas forcément l’iniquité : « Quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi » (Rm 2, 14). Paul insiste beaucoup, au début de sa lettre aux Romains, sur le fait que Dieu ne fait acception des personnes, qu’au fond juifs et païens, nous avons tous le même problème : le péché qui non seulement nous éloigne de Dieu, mais nous pousse à agir contre notre propre nature, contre la loi de notre cœur et contre le témoignage de notre conscience. Tous les êtres humains – Juifs et païens – sont capables du bien comme du mal. Tous doivent redouter la colère de Dieu.

Pourtant, Paul dit tout cela non pas pour nous effrayer, mais pour nous rassurer. Comme tous les apôtres, il est porteur de la bonne nouvelle – de l’Evangile de la réconciliation et du salut. Ainsi, en disant que Juifs et païens sont égaux aussi bien dans la faculté de faire le bien que dans le penchant vers le mal, il veut nous amener de la reconnaissance du caractère universel du péché à la conviction du caractère non moins universel de la grâce de Dieu. Tous ont des raisons de redouter la colère de Dieu, parce que tous ont péché. Donc, tous ont besoin de la grâce de Dieu, tous ont besoin de la miséricorde et de l’amour du Créateur. Et tous nous y avons accès – Juifs et Grecs, Français et Russes, Européens et Africains. La grâce de Dieu est plus universelle que le péché de l’homme ; elle est plus puissante que le mal commis par l’humanité tout entière. Ce n’est pas par la pratique de la Loi, mais par la foi que l’homme est sauvé ; ce n’est pas la Loi, mais la grâce qui nous fait accéder à la sainteté : tels sont les leitmotivs de la prédication de Paul.

En commentant ce passage de l’épître aux Romains, saint Jean Chrysostome conclut : « Tu vois maintenant comment l’apôtre a démontré aux Juifs la nécessité de la grâce ? Puisqu’ils disaient ne pas avoir besoin de la grâce étant justifiés par la Loi seule, l’apôtre a illustré qu’ils en ont besoin autant, sinon plus, que les païens ».

Ainsi, la conscience naturelle de l’homme vaut bien la Loi mosaïque. Mais ni l’une ni l’autre ne suffisent pour rendre l’homme libre du péché. Ni la loi naturelle du cœur ni la loi de l’Ancienne alliance ne peuvent rendre l’homme heureux de façon pleine et définitive. Seul Dieu en est capable, parce qu’il est la vie et la béatitude infinie. Comme il n’y a pas de lumière sans une source d’énergie, il n’y a pas de salut sans la grâce de Dieu. Et comme la lumière, la grâce divine est universelle : elle est offerte à chaque être humain. La foi dans l’amour sans fin de Dieu nous fera échapper à la colère que nous avons tous méritée, mais dont nous sommes tous délivrés par le Christ.

Dimanche 17 Juin 2012
Alexandre Siniakov