Homélie sur la guérison des dix lépreux (dimanche 18 décembre 2012)



Homélie sur la guérison des dix lépreux (dimanche 18 décembre 2012)
Chers frères et sœurs, les deux lectures de ce dimanche – de la Lettre aux Ephésiens (6, 10-17) et de l’Evangile de Luc (17, 12-19) – sont un extraordinaire éloge de la foi. Pour l’apôtre Paul, la foi est le bouclier grâce auquel nous éteignons tous les traits enflammés du Mauvais. Dans l’Evangile, le Seigneur lui-même reconnaît à la foi du lépreux reconnaissant la force de la guérison et du salut.

Regardons de plus près le récit de la guérison des dix lépreux : il contient en effet une leçon tout à fait singulière. Vous savez ce que signifie le fait que le Seigneur Jésus envoie vers les prêtres les lépreux qui lui demandent la guérison ? La purification des lépreux chez les prêtres aaronides est un des rites les plus anciens et les plus célèbres de la Loi de Moïse. Lorsqu’il envoie les dix lépreux se présenter aux prêtres, le Christ les invite en fait à suivre les prescriptions de la Loi. Ils obéissent tous les dix à celui qu’ils considèrent comme Maître et vont effectivement chez les prêtres pour accomplir le rite de la purification. Mais voilà qu’en route, ils se sentent libérés de la lèpre. Parmi ces dix miraculés, neuf poursuivent la route vers les prêtres de la Loi : en faisant ce choix, ils vont jusqu’au bout de ce que le Seigneur leur a demandé. Mais un seul désobéit à l’ordre du Christ, rebrousse son chemin et court remercier Jésus dont il sait qu’il est l’auteur de sa guérison. Et voilà que le Christ non seulement ne le blâme pas, mais au contraire est déçu par l’attitude des neuf autres. Quelle réaction paradoxale : les neuf autres miraculés ne font-ils pas ce que Jésus lui-même leur a prescrit, en allant voir les prêtres ? Celui qui revient vers Jésus et ne va pas accomplir le rite prescrit par la Loi, ne désobéit-il pas à la fois à Moïse et au Christ ? Pourtant, c’est lui qui a mérité l’éloge du Seigneur et non pas les neuf autres conformistes.

Chers frères et sœurs, ne faut-il pas déduire de ce récit que le Seigneur attend de nous non pas une obéissance aveugle à des prescriptions de la loi, mais la foi ? Qu’il attend de nous non pas un attachement irrationnel aux rites et aux usages religieux, mais la reconnaissance ? La gratitude spontanée de celui qui a reçu de lui la guérison et le salut lui est infiniment plus chère que tous les rituels. L’action de grâce simple, improvisée, sincère lui est bien plus agréable qu’une observance conventionnelle de coutumes religieuses.

Il est possible de commencer par se diriger vers l’accomplissement de la Loi, comme les dix lépreux dont nous a parlés l’Evangile, mais la guérison nous vient non pas au bout du chemin, mais en cours de route, parce qu’elle est grâce, don gratuit du Dieu miséricordieux. Nous sommes encore bien loin d’avoir atteint la sainteté et la perfection, pourtant, Dieu nous offre d’ores et déjà le salut et le Royaume. Dès que nous en sommes conscients, abandonnons tout le reste et accourons vers le Seigneur afin de le remercier spontanément, en toute simplicité, avec une confiance et une audace des fils pour le don qu’il nous offre en échange de notre foi à laquelle il accorde une force extraordinaire de guérison et de purification. C’est ce que nous, chrétiens, faisons chaque dimanche, lorsque, laissant tomber tout le reste, nous n’avons qu’un désir, c’est de nous réunir pour rendre grâce à Dieu qui nous sauve au moyen de notre foi.

Dimanche 18 Décembre 2011
Alexandre Siniakov