Homélie pour la fête de saint Etienne, premier martyr et diacre



Homélie pour la fête de saint Etienne, premier martyr et diacre
Saint Étienne, dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, tient une place particulière dans les Actes des apôtres. Il est le premier nommé parmi les Sept hellénistes ordonnés au service des tables, service que la tradition de l’Église considère comme l’origine du ministère diaconal. Étienne est le premier martyr de la communauté chrétienne de Jérusalem après la Résurrection du Seigneur et la descente de l’Esprit Saint. Son jugement par le Sanhédrin rappelle parfaitement celui – tout récent encore dans la mémoire des fidèles – du Seigneur Jésus. Son discours devant ses juges est le plus long discours du livre des Actes des apôtres. Cela montre l’importance que son témoignage et sa prédication avaient pour les premières générations des chrétiens.

Le discours d’Étienne devant le Sanhédrin est une remarquable rétrospective de l’histoire du peuple d’Israël dont la mort et la résurrection du Christ sont l’apogée. Elle commence par l’appel d’Abraham, par l’alliance que Dieu a conclue avec lui et sa descendance. Elle se poursuit par le récit de la vie de Moïse, de son institution comme chef et rédempteur du peuple asservi, où le prophète apparaît clairement comme une préfiguration du Seigneur Jésus. Cette rétrospective tourne ensuite au véritable réquisitoire contre la réticence d’Israël à accepter d’abord Moïse puis le Christ, cet ultime prophète, annoncé et préfiguré par Moïse, le Sauveur venu délivrer le peuple de sa servitude. Étienne n’hésite pas à dénoncer la tentation permanente du peuple élu par toutes sortes d’idolâtries, dont la dernière est celle du Temple de Jérusalem qui, aux yeux de beaucoup, a eu plus de valeur que le Messie lui-même. La défense de cette nouvelle idole – le Temple – valait bien la mort d’un homme comme Étienne, parce qu’il avait osé dévoiler l’absurdité d’une religiosité attachée plus aux murs et aux livres qu’à la parole vivante de Dieu et à la vie humaine. Cette idolâtrie, fondée pourtant sur une Loi abhorrant et rejetant les idoles, justifiait la mort de celui qui a osé rappelé que le Très-Haut, le Créateur de l’univers, « n’habite pas des demeures construites par la main des hommes » (Ac 7, 48).

Aujourd’hui encore le témoignage d’Étienne est un avertissement contre toute forme de manipulation de la foi et de la Parole de Dieu, contre l’instrumentalisation de la religion pour de nouvelles formes d’idolâtries, contre une lecture étroite et idéologique de l’histoire du salut. Étienne nous rappelle que le devoir principal du croyant, c’est de ne pas résister à l’Esprit Saint, mais de se laisser libérer et transfigurer par sa grâce. La contemplation « de la gloire de Dieu et de Jésus debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 55) est la vision qui donna courage à Étienne d’endurer les souffrances et la mort. Savoir qu’à ce moment même, le Fils de l’homme, né de Marie, est toujours là, dans toute son humanité, auprès de la gloire du Dieu invisible, peut nous donner le courage et la joie de lui confier notre esprit. C’est la vision qui libère des peurs – surtout de celle de la mort -, de la haine, des doutes. C’est la vision qui conduit à la paix et au salut. Je vous souhaite de tout cœur de la partager avec saint Étienne et de le rejoindre là où il demeure actuellement, auprès du Christ vivant.



PRIÈRE POUR LA FÊTE DE SAINT ÉTIENNE

Saint Étienne, premier diacre et martyr de l’Église, au moment de quitter ce monde pour rejoindre le Seigneur Jésus que tu contemplais à la droite de la gloire de Dieu, tu priais pour le pardon de tes bourreaux. Toi qui demeures à présent dans la joie de la vision du Fils de l’homme, n’oublie pas de prier pour les enfants de l’Église répandus à travers le monde. Que le Seigneur nous pardonne, par tes prières pures, tous nos péchés, notre résistance à sa volonté, notre infidélité aux engagements du baptême.

Aide-nous à suivre en toute chose la Parole de notre Dieu et à obéir à l’Esprit Saint. Guide-nous dans la compréhension du dessein du Créateur et du mystère du salut. Apprends-nous à aimer le Seigneur Jésus avec force et persévérance et demande-lui, pour nous, la grâce d’imiter courageusement et humblement ses souffrances pour avoir part à sa gloire présente.

Bénis, saint Étienne, les diacres du Christ, aide-les, par ton intercession, à servir avec dévouement les pauvres et les faibles, à exercer avec piété le ministère de la table eucharistique, à être des témoins authentiques de l’humilité et de l’amour de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ à qui reviennent toute gloire, honneur et adoration, avec son Père éternel et son très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Mercredi 9 Janvier 2013
Alexandre Siniakov