Homélie pour la Dormition de la Mère de Dieu



Homélie pour la Dormition de la Mère de Dieu
Aujourd’hui, chers frères, Eve est de retour dans le paradis divin. Aujourd’hui l’Eden du nouvel Adam reçoit la nouvelle Eve. La Femme qui nous précède dans le Royaume du Père, ce n’est pas celle qui, par sa désobéissance, fut la cause de la mort du genre humain, mais Marie dont l’obéissance a permis à la Bonté de Dieu d’exécuter son dessein originel qui consiste à nous ramener tous dans la lumière de la Vie éternelle.

Tout jubile aujourd’hui : les vierges, parce qu’elles entrevoient la gloire qui les attend ; les mères, parce qu’elles savent que la fin de leurs souffrances est imminente ; le roi David, parce qu’il voit « l’Arche sacrée et vivante de Dieu », « celle qui a porté dans son sein son auteur, se reposer dans le temple du Seigneur non fait de main d’homme » (saint Jean Damascène, Sur la Dormition, II, 2) ; les puissances angéliques, parce qu’elles escortent l’épouse de Dieu vers la demeure éternelle de la Trinité. Enfin, l’Eglise tout entière célèbre aujourd’hui celle qui a donné naissance au Dieu incarné ; l’Eglise jubile aujourd’hui de voir émigrer vers l’éternité bienheureuse celle qui a donné naissance à Celui qui est notre vie.

Mais rien ne peut égaler la joie de la Vierge elle-même, parce qu’elle quitte cette terre pour retrouver son Fils et demeurer perpétuellement auprès de lui. Rien n’est comparable à la joie de la Mère transportée auprès de son Enfant pour contempler la gloire qui est sienne de toute éternité et qu’il tient du Père invisible, dont il est l’Image et la Parole. Il est impossible de décrire l’immensité de la joie de la Mère de Dieu au moment de sa Dormition. Il est difficile de concevoir le bonheur sans limites de Marie d’être de nouveau auprès de son Fils vivant.

Sainte Mère de Dieu, pissions-nous partager aujourd’hui ne serait-ce qu’une petite partie de ta félicité et de la paix qui t’habite. Affermis-nous dans la foi en ton Fils, notre Dieu qui nous a sauvés en prenant chair de toi et en l’assumant dans sa propre divinité. Tu es le témoin par excellence du mystère du salut, conforte-nous dans la connaissance de l’Amour de Dieu. Nous t’aimons de tout notre cœur, agrée la pauvre offrande de notre parole et purifie-nous par la célébration de ta bienheureuse Dormition. Et j’aimerais te dire, au nom de nous tous réunis ici pour partager ta joie, avec saint Jean Damascène et l’auteur du Cantique des Cantiques : « Que tu es belle, que tu es douce ! Tu es la fleur des champs, ‘comme un lis au milieu des épines’ (Cant 2, 1) : c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment. A l’arôme de tes parfums nous courrons. ‘Le roi t’a introduite dans sa demeure’ (Cant 1, 3). Les Puissances te font escorte, les Principautés te bénissent, les Trônes te chantent, les Chérubins frappés de stupeur se réjouissent, les Séraphins glorifient celle qui est la Mère de leur propre Maître par nature et en vérité, selon l’économie. Non, tu n’es pas seulement comme Elie, montée vers le ciel, tu n’as pas été, comme Paul, transportée jusqu’au troisième ciel, mais tu t’es avancée jusqu’au trône royal de ton Fils lui-même, dans la vision directe, dans la joie et, avec une grande et indicible assurance, tu te tiens auprès de lui… Tu bénis le monde, tu sanctifies tout l’univers ; tu es dans la peine le soulagement, dans les pleurs la consolation, dans les maladies la guérison, dans la tempête le havre, pour les pécheurs le pardon, pour les affligés le bienveillant encouragement, pour tous ceux qui t’invoquent le prompt secours » (Sur la Dormition, I, 11).

Que la célébration de ta Dormition, très sainte Mère, renforce l’amour que nous éprouvons pour Jésus. N’oublie pas, Très-Pure, notre modeste séminaire et les humbles serviteurs de ton Fils qui y vivent. Aide-nous à mener à bien la construction de l’église qui sera dédiée à ta Nativité et où l’Amour de ton Fils sera célébré par ceux que le Père a bien voulu, dans son immense miséricorde, appeler au plus noble et au plus joyeux des services : celui de témoigner au monde entier que ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent sont, comme toi, vraiment bienheureux.

Mercredi 29 Août 2012
Alexandre Siniakov