Homélie pour l'Ascension du Seigneur



Homélie pour l'Ascension du Seigneur
Chers frères et sœurs bien-aimés qui avec moi partagez la nature humaine désormais céleste et divine, celle que le Christ notre Seigneur a assumée par la naissance virginale, celle qu’il a transformée en instrument de notre propre salut dans sa mort volontaire sur la croix, celle qu’il a rendue éternelle par sa résurrection, celle enfin qu’il a divinisée en l’élevant dans la gloire du Père, vous qui partagez cette humanité sanctifiée et sauvée, réjouissez-vous aujourd’hui dans la célébration des mystères de l’amour de Dieu. En effet, chaque solennité, comme celle d’aujourd’hui, est pour nous une occasion d’avancer un peu plus dans la connaissance de la miséricorde divine qui seule est à l’origine de notre existence et de tout ce qui nous est arrivé au cours de la longue histoire humaine.

Je ne vous apprendrai de nouveau dans cette homélie pour l’Ascension du Seigneur. J’aimerais juste que nous nous rappelions pourquoi nous sommes chrétiens. Voir le Christ s’élever dans les cieux, rejoindre une autre dimension, celle de Dieu, revenir là où il était avant même la création de l’univers, est le moment de nous redire qu’être chrétien n’est pas, comme on pourrait parfois le penser, adhérer à une religion comme il y en a d’autres. Ce n’est pas rejoindre une organisation humaine et en défendre ensuite les intérêts et contribuer à son expansion. Être chrétien, c’est croire que Celui que les apôtres ont vu s’élever vers Dieu reviendra de la même façon, dans son humanité assumée et ressuscitée. Est chrétien celui qui attend le retour promis de Celui que nous aimons de tout notre cœur et dont nous sommes membres, des parties inaliénables. Être chrétien, c’est se lever chaque matin en se disant : Ne serait-ce pas le jour où je verrai le retour de mon Roi ? Et se coucher tous les soirs dans la conviction que chaque jour écoulé nous rapproche du moment où l’Eglise retrouvera son Époux.

Nous sommes devenus chrétiens non pas parce que nous avons été séduits par un système métaphysique ou par la morale d’une doctrine bien ficelée, mais parce que nous avons rencontré un Homme, dans lequel l’Esprit Saint nous a fait reconnaître le Verbe créateur et la Sagesse vivante du Père. Nous sommes tombés amoureux de Lui qui est venu nous sauver et donner sa vie pour ses créatures. Nous l’attendons depuis avec impatience et nous savons au fond de nous-même, comme instinctivement, que le christianisme n’est pas une religion qui doit faire peur et qu’un chrétien ne peut être malheureux. Un chrétien n’a jamais peur parce qu’il sait que son Défenseur – le Christ Jésus – est vivant, qu’il intercède pour nous maintenant qu’il est dans le sein du Père, qu’il reviendra pour nous juger, mais non pas en juge implacable, mais en Ami qui nous aime d’un amour plus fort que celui dont nous sommes capables. Notre juge sera le même qui est mort pour nous. Notre juge, c’est celui qui a mangé et bu avec des pécheurs. Notre juge, c’est celui qui a donné son Corps et son Sang en nourriture à ceux qui, par le baptême, sont devenus ses membres. Nous serons jugés par Celui qui nous a créés, qui nous a sauvés et qui nous aime plus que nos parents. Alors, n’ayons pas peur : aimons Jésus de tout notre être et attendons avec confiance son retour, en implorant le Père de rendre cette attente la plus pure et la plus courte possible. Vraiment, viens, Seigneur Jésus, pour prendre pitié de tes enfants et les ramener là où tu leur a préparé une demeure éternelle.

Jeudi 24 Mai 2012
Alexandre Siniakov