Homélie le samedi de la Semaine des Femmes Myrophores



Homélie le samedi de la Semaine des Femmes Myrophores
Un demi-mois après le début de la célébration de la mort et de la Résurrection du Seigneur, nous relisons à nouveau, en cette semaine des Femmes Myrophores, le discours d’adieu du Christ aux apôtres. Il n’est en effet jamais inopportun de nous rappeler que les rapports entre l’Église et le monde ne peuvent qu’être compliqués.

« Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien, mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait ». Il nous hait aujourd’hui autant qu’à l’époque de Dioclétien ou de Staline. Il y a une incompatibilité spontanée entre la simplicité « folle » de l’Évangile et la sagesse complexe du monde. Il ne s’agit pas ici de ce monde-cosmos de toute beauté, œuvre étonnante de Dieu, qui dans son immense diversité et son insécable unité est un reflet de la Trinité. Le monde qui a haï le Christ et qui nous méprise aujourd’hui, c’est le produit de l’homme, image de Dieu, doté par le Créateur de la faculté à poursuivre l’œuvre de la création. La diversité du cosmos y a dégénéré en complexité, l’unité originelle de l’univers y a été brisée. Et même nous, l’Église, après tous les avertissements du Christ et des apôtres, nous n’y avons pas échappé.

Oui, « l’heure vient où quiconque vous tuera pensera rendre un culte à Dieu ». Le monde d’aujourd’hui aimerait voir disparaître l’Église, si ce n’est physiquement, du moins moralement. Hélas, nous l’y aidons souvent. Nous, les chrétiens, ne sommes pas toujours de bons témoins du Christ. Par nos divisions, nos scandales, nos anathèmes, notre sectarisme, notre orgueil, nous ne sommes pas toujours en mesure de coopérer au témoignage de l’Esprit. Les paroles du Seigneur que nous venons d’entendre sont bouleversantes : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il me rendra témoignage, mais vous aussi, vous témoignerez ». Ces paroles nous font rougir de notre faiblesse autant qu’elles nous redonnent l’espoir en la force de l’Esprit du Christ. Les chrétiens sont divisés, tourmentés, distraits par le péché, mais ils sont toujours potentiellement le temple de l’Esprit et ses témoins dans ce monde hostile.

Comment faire pour que ce potentiel se révèle au grand jour et que Dieu rayonne à travers nous ? Le Seigneur y répond on ne peut plus clairement : « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ». C’est par amour les uns des autres que nous sommes réunis aujourd’hui : cultivons-le précieusement pour que le monde voie que nous sommes les disciples du Dieu devenu homme et qu’il croie en lui.

Samedi 24 Avril 2010
Séminaire russe