Homélie le dimanche de tous les saints



Homélie le dimanche de tous les saints
Chers frères et sœurs, en ce dimanche où nous célébrons tous les saints, nous pouvons disserter longtemps sur ce qu’est la sainteté. Nous pouvons à cette occasion invoquer l’ascèse, le renoncement, l’humilité, la piété, l’amour. Mais il y a une chose sans laquelle ces magnifiques et nécessaires vertus seront incomplètes : c’est le courage de confesser le Christ devant les hommes et de l’aimer plus que tout autre être. « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux».

C’est moins facile qu’on ne le pense, même pour des chrétiens pratiquants, même pour des ministres de l’Église que nous sommes. Nous avons tendance à penser que si les gens savent que nous sommes prêtres ou séminaristes, cela suffit pour leur rendre un témoignage de notre foi dans le Christ. Ce n’est pas faux, mais insuffisant. Il est moins difficile de se montrer extérieurement chrétien que de le justifier en paroles. Qui d’entre nous n’a jamais eu un peu honte de paraître déplacé, rétrograde ou même ridicule ? Qui n’a pas eu peur d’être mal compris ? Pourtant, nous savons que le monde n’existerait pas sans le Christ. Nous savons que nous reverrons le Seigneur dans peu de temps, que nous le contemplerons dans toute sa splendeur, dans la gloire de son humble condition humaine assumée. Alors, si nous voulons que nos modestes vertus portent de véritables fruits pour le salut du monde, n’ayons aucune gêne, aucune crainte non seulement à nous montrer chrétiens, mais aussi à nous déclarer pour le Christ en toute conscience, usant pleinement de nos capacités intellectuelles. En annonçant le Christ et l’avènement tout proche de son règne, nous ne sommes pas moins intelligents que nos frères agnostiques.

N’ayons pas peur d’être mal traités ou mal compris par le monde : c’est normal, c’est ainsi qu’il a traité les prophètes et les saints. N’oublions pas que la folie de Dieu sera toujours plus grande que l’ensemble de la sagesse de l’homme.

N’ayons pas peur non plus d’aimer le Christ plus que toute autre personne au monde. Rassurez-vous : le jour où nous aimerons vraiment le Seigneur, de tout notre cœur, nous aimerons aussi, tout aussi sincèrement et profondément, ceux pour qui il est devenu homme et est mort sur la Croix. En apprenant à aimer le Christ, nous apprenons à aimer vraiment notre famille, nos amis et tous les hommes. Le Seigneur n’est pas jaloux, il est simplement logique. Il sait que si nous n’aimons pas le Bon Samaritain qui nous a sauvés de la mort, nous ne serons jamais capables d’aimer qui que ce soit. En revanche, si nous l’aimons, lui qui est au cœur de l’humanité et aux origines de l’univers, nous aimerons aussi tout ce qui vit et respire grâce à lui.

Dimanche 30 Mai 2010
Séminaire russe