Homélie le dimanche avant le Carême



Homélie le dimanche avant le Carême
Prêcher le dimanche avant le Carême est une grâce particulière. En effet, les lectures de ce jour sont singulièrement riches. On a même peur d’omettre quelque chose d’important, de ne pas avoir le temps de dire tout ce qu’il faudrait. Et le temps se fait court, le Carême nous apprend à en mesurer la brièveté et le prix.

« C’est l’heure désormais de nous arracher du sommeil, nous dit aujourd’hui l’apôtre Paul, le salut est maintenant plus près de nous qu’au temps où nous avons cru » (Rm 13, 11). Chaque jour nous rapproche du Royaume de Dieu où le Christ nous a précédés. Nous mûrissons de jour en jour dans la Vigne du Seigneur. Chaque jour nous offre de nouvelles occasions de nous rendre dignes de la Jérusalem céleste. Il ne convient pas de manquer ces occasions. Il ne faut perdre aucun jour que Dieu nous accorde. Il faut avancer, inlassablement et sans regarder en arrière, vers notre salut. Nous n’avons plus de temps pour le sommeil spirituel, plus de temps pour « satisfaire les convoitises » de la chair (Rm 13, 14) : « la nuit est avancée, le jour est arrivé ». Plus de moyens de dissimuler nos fautes, de trouver des prétextes à nos péchés : il faut, dit l’apôtre Paul, se conduire avec dignité comme il sied en plein jour.

Le Carême nous rappelle l’importance que chaque instant de notre vie a pour notre salut : aucun ne doit être perdu. Le Seigneur est proche, la lumière de son Évangile nous a délivrés des ténèbres du péché. Elle éclaire chaque recoin de notre âme pour en bannir l’obscurité, la vanité et l’oisiveté. Chaque instant de notre vie nous rapproche de la rencontre avec le Christ ressuscité : ne le gaspillons pas, plus « de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies » (Rm 13, 13).

Il n’y a même plus de temps pour juger nos frères. L’apôtre nous invite à être accueillants aux faibles dans la foi et à ne pas discuter des opinions (Rm 14, 1) : « que celui qui mange ne méprise pas l’abstinent et que l’abstinent ne juge pas celui qui mange ». Discuter des opinions sur la façon de nous purifier pendant le Carême, c’est gâcher le temps précieux qui nous rapproche de notre salut, c’est rendre notre jeûne manifeste et donc stérile. Ne laissons aucun jugement d’autrui distraire notre jeûne. Soyons discrets envers les autres et dissimulons notre ascèse sous le sourire et l’allégresse, « pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est dans le secret » (Mt 6, 18).

N’ayons pas peur des épreuves qui nous attendent. Le témoignage de l’Apôtre nous donne le courage : nous resterons debout car le Seigneur a la force de nous soutenir (Rm 14, 4). Que nous restions debout ou que nous tombions, cela ne concerne que Lui et nous. Il ne nous abandonnera pas. Que nous jeûnions ou que nous mangions, que nous veillions ou dormions, l’important c’est que nous le fassions dans l’action de grâce envers Dieu. Notre Carême sera fructueux si, à la fin, nous ressentirons avec encore plus de force que nous vivons pour le Seigneur et nous mourons pour Lui : dans tout ce que nous faisons, dans la vie et dans la mort nous lui appartenons.

Lundi 15 Février 2010
Séminaire russe