Homélie de la fête de Noël (prononcée à la chapelle du séminaire)



Homélie de la fête de Noël (prononcée à la chapelle du séminaire)
Tout à l’heure, à la première liturgie de Noël qui suivait les vêpres, nous avons entendu le récit de Luc sur la naissance du Seigneur Jésus. Maintenant, à cette seconde liturgie du matin de la Nativité, c’est l’adoration par les Mages qui nous est contée. Ainsi, la fête de Noël, telle qu’elle est célébrée aujourd’hui en Orient, commémore les deux événements ensemble, tandis que la tradition occidentale les a séparés. Autrefois, on célébrait le même jour la Nativité du Seigneur et son Baptême qui, aujourd’hui, constitue pour nous la fête de la Théophanie. De cette façon, nous avons l’occasion de célébrer en deux fois, à quelques jours d’écart, la merveille de la manifestation du Fils de Dieu dans le monde des humains. C’est comme si l’Église antique, nos prédécesseurs dans la foi, ont voulu prolonger, à travers ces deux fêtes désormais distinctes, la joie de célébrer la présence parmi nous du Sauveur, la présence dans la chair du Verbe de Dieu.

Les textes liturgiques de ces deux fêtes de la Nativité-Théophanie sont certes un peu longs, mais combien magnifiques ! Il arrive qu’on sente une certaine répétitivité ou simplicité dans l’hymnographie d’autres fêtes. Tandis que là, pour la fête de Noël, tout comme pour la Théophanie et ensuite pour la Pâque, nos hymnographes sont inlassables, intarissables. Chacune des stichères que nous avons chantées ces jours-ci et ce soir, en particulier, sont de véritables résumés du concile de Chalcédoine et des Pères de l’Église. Comme chaque année, je me suis étonné ce soir du nombre de citations des œuvres de saint Grégoire de Nazianze, de Cyrille d’Alexandrie, de Léon de Rome et des autres Pères qui ont fait avancer l’Église, par le souffle de l’Esprit-Saint, vers une connaissance toujours plus profonde, plus théologique, plus émerveillée de l’œuvre salutaire du Seigneur Jésus et de l’amour si grande dans l’humilité, la kénose, de la Sainte Trinité. Il avait promis à ces apôtres que l’Esprit, descendu sur eux, leur révélerait tout ce qu’ils doivent savoir et ce que lui-même, le Christ, n’a pas pu ou ne pouvait pas leur dire à son sujet. Et bien, cette révélation de l’Esprit, elle est là, consignée avec amour et foi dans notre liturgie. Je vous en citerai un exemple : il sera pour vous beaucoup plus intéressant et édifiant que tout ce que je pourrais vous dire sur le mystère de l’incarnation de Dieu : « Venez crions de joie pour le Seigneur dans l’annonce du mystère qui s’accomplit maintenant. Le mur de séparation est aboli, le glaive de feu est rengainé, les chérubins s’éloignent de l’arbre de vie tandis que moi je communie à la nourriture du paradis dont j’avais été chassé à cause de la désobéissance. L’image immuable du Père, l’empreinte de son éternité prend la forme d’esclave. Il provient de la Mère virginale sans subir de changement. Ce qu’il était – Dieu véritable – il l’est demeuré ; et ce qu’il n’était pas – l’homme – il l’est devenu par amour des hommes. Clamons-lui : toi, Dieu, né de la Vierge, aie pitié de nous ». C’est la première stichère des premières vêpres de Noël.

Ainsi, les mages offrent au Nouveau-né de l'or, de l'encens et de la myrrhe, tandis que nous, offrons-lui maintenant, en toute simplicité, nos cantiques, nos stichères et nos tropaires. Et puisqu’il a bien voulu devenir homme pour nous, il voudra certainement nous rendre dignes d’être cette nuit témoins nous aussi, aux côtés des mages et des bergers, de la merveille du salut universel qui s’accomplit dans la grotte de Bethléem.

Mercredi 6 Janvier 2010
Séminaire russe