Discours du cardinal André Vingt-Trois à l'inauguration du séminaire



Discours du cardinal André Vingt-Trois à l'inauguration du séminaire
Voici le texte du discours prononcé par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France, à l'inauguration du séminaire le 14 novembre 2009 à Epinay-sous-Sénart:

Messeigneurs, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs,

C’est une joie pour moi de participer aujourd’hui à l’inauguration du séminaire Sainte-Geneviève, non seulement parce qu’il porte le nom de la patronne du diocèse de Paris, mais aussi parce qu’il exprime et manifeste les liens qui se sont développés au cours des années écoulées entre le patriarcat de Moscou et l’Église catholique en général, et l’Église catholique en France en particulier.

Nous savons bien que des siècles de séparation, d’ignorance, quelquefois d’hostilité ne peuvent pas s’effacer en quelques jours et qu’il faut des années pour reconstruire ce qui a pu être détruit au cours de l’histoire. Et cette reconstruction de l’unité visible de l’Église du Christ passe évidemment par les chemins que nous avons mission de prendre et de parcourir pour rejoindre, dans un même cœur, les frères jadis séparés. Dans ce travail et dans ce chemin nous savons que l’histoire des hommes et des nations pèse d’un poids très particulier. Il n’est pas besoin d’épiloguer longuement sur l’impact que le pouvoir soviétique a pu exercer et l’influence qu’il a pu avoir dans la prolongation des séparations anciennes. Il s’agit aujourd’hui de ne pas manquer le temps de la grâce, puisque Dieu nous fait la grâce de vivre en un temps où un certain nombre d’obstacles ont disparu. Il nous faut répondre avec courage et détermination aux opportunités qui se présentent. Et parmi ces opportunités, le jour béni où le patriarche Alexis a bien voulu venir à Paris vénérer la Couronne d’épines à la cathédrale Notre-Dame, et le jour béni où il m’a reçu à Moscou et le pèlerinage que j’ai fait en Russie qui a permis de mieux reconnaître les liens qui peuvent unir nos Églises et donner un élan nouveau, s’il en avait été besoin, au projet de l’évêque Innocent de développer la présence des orthodoxes russes en France et à Paris en particulier.

C’est pourquoi, en tenant compte du fait que les relations d’unité ne peuvent s’enraciner, se développer réellement que s’il y a des relations humaines et en particulier intellectuelles et théologiques, non seulement par la lecture, mais aussi par la construction d’une formation qui se développe en relation les uns avec les autres. C’est pourquoi ce projet d’un séminaire orthodoxe russe à Paris est tellement important non pas qu’il aurait été impossible à des futurs prêtres orthodoxes de venir étudier à Paris – il y en a déjà qui y sont venus et continueront d’y venir. Mais il m’a paru particulièrement intéressant de vouloir développer cette capacité d’études autour de la capitale française en ménageant la possibilité d’une vie religieuse authentique entre les candidats qui se préparent à devenir les prêtres de l’Église russe de demain. Cette vie religieuse dans une communauté conçue et développée en vue de permettre la pratique et l’approfondissement de la liturgie orthodoxe qui est certainement dans le développement de la formation théologique un lieu très fort et très important.

Je suis donc reconnaissant à toutes celles et à tous ceux qui ont favorisé l’implantation de ce séminaire. Je suis reconnaissant à l’archevêque Innocent et au nouveau recteur que je salue affectueusement, le hiéromoine Alexandre Siniakov, qui ouvrent une période, je pense, très féconde dans les relations entre nos Églises. J’espère que la richesse – je n’ose pas dire extrême – du milieu non seulement universitaire, mais ecclésial parisien permettra aux séminaristes de trouver tout ce qu’ils cherchent dans l’Institut Saint-Serge qu’àl’Institut catholique de Paris, qu’à la faculté Notre-Dame que dans les instituts universitaires laïcs comme la Sorbonne ou l’École pratique des hautes études. Et je ne doute pas que cette formation – est-ce qu’on peut oser dire bilingue ? – permettra de développer aussi une formation fraternelle qui unisse dans une même méditation du mystère de Dieu ceux qu’il appelle pour le service de son Église.

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L'enregistrement vidéo de l'intervention du Cardinal est disponible sur le site Orthodoxie.com.

Jeudi 19 Novembre 2009
Séminaire russe