"Je vous ferai pêcheurs d'hommes". Homélie pour le dimanche 14 juin 2015



Mt 4, 18-24 : En ce temps-là, alors que Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

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Le deuxième dimanche après la Pentecôte, quand les chrétiens orthodoxes russes célèbrent les saints qui ont illuminé leur pays, nous relisons d’année en année le récit de l’évangéliste Matthieu sur l’appel des premiers disciples. Ce sont Simon-Pierre et André, Jacques et Jean, deux fratries, quatre premiers apôtres. Ils sont pêcheurs. De ce fait, pour décrire le ministère de ses apôtres, le Seigneur Jésus utilise le mot désignant le métier de ces quatre Galiléens : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes ».

Je ne sais pas si l’admiration pour le travail des pêcheurs a poussé Jésus à recruter parmi eux ses premiers et plus proches disciples ou si c’est la rencontre avec ces quatre Galiléens qui lui a inspiré la comparaison entre leur métier et la mission des apôtres, en tout cas il y a entre ces deux occupations un lien indéniable. Aussi, j’aimerais parler aujourd’hui du ministère apostolique en développant l’analogie avec le métier de pêcheur.

Un pêcheur et un apôtre (ou leur successeur) ont une similitude saisissante : ils ne maîtrisent pas leur production et obtiennent un résultat grâce à la patience et à l’audace. Ni les pêcheurs, ni les apôtres ne savent jamais ce qu’ils vont attraper. Ils peuvent peiner des heures, des jours sans succès. Leur résultat n’est pas directement proportionnel à leurs efforts. Il dépend de leur persévérance. Un pêcheur peut lancer des filets pendant une nuit entière, sans prendre le moindre poisson ; et, puis, à force de refaire les mêmes gestes avec espoir, à avancer toujours plus loin, sans céder à la déception et au découragement, il finit par trouver ce qu’il cherche. C’est pareil dans le ministère apostolique et, plus généralement, dans la quête du Royaume de Dieu. Là aussi, ce ne sont pas les efforts en eux-mêmes qui apportent le salut, même s’ils sont indispensables, mais la foi, l’espérance et l’audace.

Et si Jésus a pris comme premiers apôtres des pêcheurs parce qu’ils étaient capables de comprendre ce mystère ? Ils étaient entraînés par leur métier à la patience, à la confiance, à l’espérance. De pêcheurs de poissons ils sont donc devenus pêcheurs d’hommes, emportant de leur précédent métier la conscience de leurs propres limites et la persévérance. Paul s’est fait un magnifique héraut de ce principe apostolique, en utilisant non plus le langage de la pêche, mais celui de l’agriculture : « Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien : Dieu seul compte, lui qui fait croître » (1 Co 3, 7).
"Je vous ferai pêcheurs d'hommes". Homélie pour le dimanche 14 juin 2015

Dimanche 14 Juin 2015
Alexandre Siniakov