De l'observance des règles et de la pratique de la charité. Homélie pour le dimanche 13 décembre



De l'Évangile de Luc (13, 10-17):

En ce temps-là, Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Voici qu’il y avait là une femme, possédée par un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser. Quand Jésus la vit, il l’interpella et lui dit : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité. » Et il lui imposa les mains. À l’instant même elle redevint droite et rendait gloire à Dieu. Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. » Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Alors cette femme, une fille d’Abraham, que Satan avait liée voici dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? » À ces paroles de Jésus, tous ses adversaires furent remplis de honte, et toute la foule était dans la joie à cause de toutes les actions éclatantes qu’il faisait.

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Le chef de la synagogue qui avait vu le Seigneur Jésus guérir une femme courbée n’a pas du tout été attendri par ce prodige pourtant peu commun. Il n’a pas rendu grâce à Dieu pour ce miracle. Il n’a pas remercié Jésus. Non, au lieu de cela, il il s'est indigné de la violation des prescriptions religieuses. Il n'a remarqué que cet aspect.

Vous trouvez sa conduite surprenante ? Cela signifie que vous n’êtes pas familier de nos milieux religieux : de telles réactions y sont banales. Les religieux jugent tout le temps et tout le monde. L’observance des règles, des canons, des coutumes est la seule chose qui compte. Ils rêvent que tous soient soumis, identiques, strictement conformes au modèle qu’ils promeuvent.

Le croyant, lui, n’est pas un homme qui inspecte les autres, mais celui qui agit. Les règles et les canons ne sont pas superflus pour lui, mais clairement secondaires par rapport à l’Évangile et à l’exemple de la vie du Christ. Le croyant cherche à imiter son Maître sans se soucier des procès que les autres lui font ; il ne craint que le jugement de Dieu. Le croyant n’a pas peur de transgresser des règles, passagères par définition, quand la charité le réclame, parce qu'elle seule demeure dans l'éternité. Il a peur de ne pas être à la hauteur de ce que Dieu attend de lui. Or, Dieu attend que ses fidèles soient aussi miséricordieux que lui, le Père, est miséricordieux. Le Seigneur Jésus nous l’a promis : Dieu nous jugera non pas pour le mal que nous aurons commis, mais pour le bien que nous n’aurons pas fait.

L’Évangile de ce jour vous offre un moyen de vérifier si vous êtes religieux simplement par la forme ou si vous croyez avec le cœur. Si vous voyez quelqu’un faire du bien tout en violant une prescription religieuse ou un canon ecclésiastique, si vous le jugez au lieu de rendre grâce à Dieu et remercier cette personne pour sa charité courageuse, alors vous êtes comme ce chef de la synagogue : un religieux rigide et, de ce fait, probablement improductif. En revanche, si vous y voyez avant tout la charité, sans vous enfermer dans des catégories raides, alors vous êtes proches du Christ qui non seulement était libre lui-même, mais qui ne manquait aucune occasion, même scandaleuse, de donner la liberté aux autres, à ceux qui acceptaient de la recevoir de sa part, avec confiance, en toute simplicité, avec action de grâce.

J’espère, frères et sœurs, que vous êtes du nombre de ceux qui ne perdent pas leur temps à surveiller et à contrôler les autres, mais du nombre de ceux qui agissent par charité sans aucune pusillanimité. Du fond du cœur je vous souhaite être libres vous-mêmes et laisser les autres libres.
De l'observance des règles et de la pratique de la charité. Homélie pour le dimanche 13 décembre

Dimanche 13 Décembre 2015
Alexandre Siniakov